Retraite : pays avec l’âge de départ le plus élevé dans le monde

À force de scruter le calendrier, certains guettent la retraite comme on attend l’aube après une longue nuit. Mais ailleurs, la lumière tarde à poindre : dans certains coins du globe, le réveil sonne encore à 70 ans. Tandis que beaucoup s’imaginent pliant bagage avant la soixantaine, d’autres voient la ligne d’arrivée s’éloigner, repoussée par des règles nationales qui ne laissent aucun répit.

Comment expliquer que, dans certains États, la retraite ressemble davantage à un mirage qu’à une destination atteignable ? Les chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg : derrière, se cachent des choix de société, les contraintes d’une économie vieillissante et des traditions bien ancrées. Les champions de la longévité professionnelle ne sont pas toujours ceux que l’on croit, et les classements réservent plus d’un détour inattendu.

A lire également : Comment communiquer sur les valeurs de l'entreprise ?

Pourquoi l’âge de départ à la retraite recule-t-il partout dans le monde ?

Impossible de contourner la réalité : la poussée démographique impose une nouvelle donne. Dans l’Union européenne, la proportion des seniors explose : de 18 % en 2015, elle grimpera à 28 % d’ici 2050. L’équilibre des systèmes de retraite vacille, le rapport entre actifs et retraités s’effondre. Moins de deux travailleurs pour chaque retraité en 2050 : la pression est sans appel. Les gouvernements, dos au mur, dégainent les réformes des retraites à un rythme effréné.

L’OCDE le constate : partout, les mesures s’enchaînent pour retarder l’entrée dans la vie post-professionnelle. La Commission européenne tente d’imposer la barre des 67 ans comme nouveau standard, aidée par une espérance de vie qui ne cesse de s’étirer. Des pays comme le Danemark ou l’Estonie réajustent déjà l’âge de départ en fonction de cet indicateur, le mettant à jour régulièrement.

Lire également : Les astuces méconnues pour préparer financièrement sa retraite et vivre ses vieux jours sereinement

En France, la réforme des retraites de 2023 a décalé le curseur à 64 ans. L’objectif est limpide : préserver la santé financière du système et éviter que le coût des pensions n’explose avec le vieillissement de la population.

  • Dans l’Union européenne, plus de 6,1 millions de personnes de plus de 65 ans continuent de travailler (Eurostat 2023).
  • La plupart des États membres affichent un âge légal autour de 65 ans, mais la tendance est clairement à la hausse.

Derrière la poussée démographique et la longévité accrue, le verdict est sans appel pour les pays développés : la retraite s’éloigne, et la carrière s’étire, parfois bien au-delà de ce qu’on imaginait hier.

Panorama des pays où l’on travaille le plus longtemps

L’Europe du Nord et l’Allemagne mènent la danse des départs tardifs. Allemagne, Danemark, Italie, Pays-Bas, Espagne : tous visent un âge légal de 67 ans. L’Allemagne atteindra ce cap en 2031, demandant 45 ans de cotisations pour bénéficier du taux plein. Le Danemark, lui, se distingue : l’âge de départ s’aligne sur l’espérance de vie, grimpera à 68 ans en 2030, 69 ans en 2035, puis 70 ans en 2040. L’Italie campe sur ses 67 ans, mais offre une sortie anticipée dès 62 ans pour 38 ans de carrière.

Aux Pays-Bas, la règle frôle la précision suisse : 67 ans et 3 mois pour 2028 et 2029. En Espagne, la barre monte aussi à 67 ans, sauf pour ceux qui peuvent justifier de 38 ans et 6 mois de cotisation : ceux-là décrochent la sortie à 65 ans. Au Portugal, la règle s’ajuste chaque année selon l’espérance de vie : 66 ans et 7 mois, avec 40 ans de cotisation pour toucher le maximum. La Belgique rejoindra bientôt le peloton de tête : 67 ans dès 2030.

  • En France, la réforme de 2023 repousse l’âge légal à 64 ans, un score encore modeste face aux voisins européens.
  • Eurostat le souligne : plus de 6,1 millions d’Européens de plus de 65 ans tiennent encore un emploi, preuve que la vie active ne s’arrête plus à la frontière symbolique des 60 ans.

La plupart des pays d’Europe occidentale convergent entre 65 et 67 ans. Certains, comme l’Estonie ou la Finlande, injectent une dose de flexibilité en adaptant leur système à l’espérance de vie. Signe qu’une nouvelle norme s’impose : repousser toujours plus loin l’ultime journée de travail.

Quels facteurs expliquent ces différences d’âge de départ ?

Premier critère : la durée de cotisation nécessaire pour ouvrir la porte à une pension à taux plein. L’Allemagne et la Belgique réclament 45 ans de contributions ; au Portugal et en Grèce, il en faut 40 ; en France, la récente réforme étale la durée requise entre 41 et 43 ans. Cette exigence structure davantage le départ que l’âge légal affiché sur le papier.

Le sexe continue de peser : dans plusieurs pays, les femmes quittent encore la vie active plus tôt, mais la convergence hommes-femmes s’impose peu à peu. Autriche, Pologne, Bulgarie, Roumanie : tous prévoient une harmonisation d’ici la prochaine décennie.

La mécanique des retraites est aussi marquée par des dispositifs de retraite anticipée ou différée. Certains s’éclipsent plus tôt pour cause de carrière longue ou de handicap ; d’autres prolongent l’aventure, attirés par une pension majorée. Cette souplesse rend la comparaison d’autant plus délicate d’un pays à l’autre.

  • Quelques États ajustent l’âge de départ selon l’espérance de vie : Danemark, Portugal, Estonie, Chypre, tous misent sur une adaptation régulière à la démographie.
  • Le statut professionnel entre aussi en jeu : salariés, indépendants, fonctionnaires voient leurs règles diverger, tout comme les possibilités de cumuler emploi et pension.

Les bases de données du Cleiss et du Missoc le montrent : difficile de dresser un portrait simple du départ à la retraite. Les critères d’accès, les annuités requises, les options de départ anticipé ou différé s’empilent, rendant chaque système aussi unique qu’un puzzle national.

âge avancé

Le classement des pays avec l’âge de départ à la retraite le plus élevé

Pays Âge légal de départ Particularités
Allemagne 67 ans Progression jusqu’en 2031, 45 ans de cotisation pour taux plein
Danemark 67 ans (70 ans en 2040) Indexé sur l’espérance de vie, révision tous les 5 ans
Italie 67 ans Réforme Fornero, départ anticipé possible à 62 ans avec 38 ans de cotisation
Pays-Bas 67 ans 67 ans et 3 mois dès 2028
Espagne 67 ans 65 ans avec 38 ans et 6 mois de cotisation
Portugal 66 ans et 7 mois Âge ajusté selon l’espérance de vie
Belgique 65 ans (67 ans en 2030) 66 ans dès 2025, 45 ans de cotisation pour taux plein
France 64 ans Réforme 2023, entrée en vigueur progressive
  • L’Union européenne vise un âge légal autour de 67 ans. Les pays scandinaves et l’Allemagne montrent la voie, avec une adaptation continue à l’espérance de vie.
  • Les pays d’Europe centrale (Autriche, Pologne, Bulgarie) affichent encore des décalages entre les sexes, mais la tendance est à l’unification rapide.
  • La France se situe désormais dans la partie basse du tableau, malgré sa récente réforme, devancée par la plupart de ses voisins immédiats.

À mesure que les années défilent, la barre des 67 ans s’impose comme un nouveau seuil universel, et certains pays l’envisagent déjà comme une étape, pas un aboutissement. Le temps où l’on quittait le bureau à 60 ans semble désormais appartenir à une autre époque. Bientôt, l’âge légal ressemblera à une ligne d’horizon : on la devine au loin, mais, à chaque pas, elle recule encore un peu.